
Prof. Kévorkian is a lecturer at the Institute Français de Géopolitique, University of Paris. He is the author of the monumental "The Armenian Genocide: A Complete History" which is available in English.
Le sort du patrimoine arménien en Turquie:
Processus de spoliation et de « gestion » des biens culturels



Prof. Kévorkian is a lecturer at the Institute Français de Géopolitique, University of Paris. He is the author of the monumental "The Armenian Genocide: A Complete History" which is available in English.
Le sort du patrimoine arménien en Turquie:
Processus de spoliation et de « gestion » des biens culturels
Traditionnellement présentée par l’historiographie turque comme une manifestation de la volonté du pays de se défaire de ses entraves à l’égard des puissances coloniales, la suppression de ces accords bilatéraux a eu pour effet de priver de toute protection juridique les investissements et les biens étrangers dans l’Empire ottoman et surtout de favoriser leur « nationalisation ». Ce faisant, le Comité central ittihadiste a mis en place la première phase de son projet de nationalisation de l’économie, la seconde visant à capter les biens grecs et arméniens. C’est dans le cadre de cette stratégie générale que les autorités turques ont, outre les biens privés, également visés ce qu’on appelait alors les « biens nationaux », biens inaliénables gérés par le Patriarcat arménien de Constantinople et les diocèses de province, bénéficiant du statut des fondations pieuses, les fameux waqf. Parmi ces biens nationaux, on peut distinguer au moins deux catégories : les propriétés immobilières essentiellement composées de boutiques, immeubles et terres données en fermage et les édifices religieux, principalement 2 538 églises et 451 monastères[2], qui ont la particularité de constituer l’essentiel du patrimoine monumental arménien, autrement dit de « biens culturels » dont le propriétaire légitime, le Patriarcat de Constantinople, a été spolié au bénéfice de l’Etat ottoman, bientôt relayé par la République turque.